18/08/2010

Introduction du professeur de la Section Européenne à l'exposition "Tu veux ma photo ?!"

L’examen final en Section Européenne inclut une conversation en anglais pendant laquelle les élèves doivent convaincre le jury qu’ils ont « des choses à dire » sur eux-mêmes, leur avenir… Cette année, la classe de seconde de la Section Européenne au Lycée Saint-Eugène (Ensemble Scolaire Gerbert), a étudié des autoportraits, des écrits autobiographiques, des monologues, et a effectué des interviews. Le but a été d’inspirer et de faire réfléchir les élèves sur comment ils peuvent parler d’eux-mêmes (exprimer leurs pensés, leurs ressentis, leurs opinions) de façon positive et intéressante.

Chaque élève a créé un blog où il exprime ses idées, justifie ses préférences, questionne sa relation au monde, explore son image de soi… La suite logique a été de vouloir faire un « vrai » autoportrait, sans contrainte sur le choix du support. L’exercice se voulait créatif, ludique, en dehors des sentiers battus, et non-soumis au jugement esthétique du professeur.

J’ai proposé aux élèves de travailler selon le mode du portrait chinois : « Si tu étais un chapeau, un paysage, un monstre, etc. ». Un portrait chinois, c’est amusant, mais cela fait réfléchir aussi (tout en respectant le besoin adolescent de ne pas trop se dévisagé). C’est un portrait qui permet de se « cacher » tout en révélant un aspect de sa personnalité.

« Facebook », le réseau social sur Internet, auquel de plus en plus de jeunes adhèrent, montre bien qu’ils ont besoin de partager leurs sentiments, d’appartenir à un groupe, d’être « vu » par leurs amis. C’est un moyen d’être complice avec les autres et c’est un reflet de leur insouciance. Mais se raconter par un autoportrait qui sera vu dans un musée d’art, c’est autre chose. Il faut être un peu sérieux, faire passer un « message », dire quelque chose d’intelligent sur soi… sans trop se montrer non plus, par crainte d’être jugé sur son apparence ou ses sentiments.

Les (auto) portraits de cette exposition, ainsi que les œuvres choisis par les jeunes dans le fond du Musée d’Art et d’Archéologie de la Ville d’Aurillac pour leur « faire écho », font montre de réflexion, de sensibilité, et d’humour. Ces œuvres racontent la vision du monde, les préoccupations, la quête de sens des élèves.

Etre jeune, c’est, justement, vivre au conditionnel, dans le questionnement du « si t’étais ? ». Quand ils seront adultes, ces artistes pourront alors mieux répondre à la question que pose le reflet dans le miroir : « qui es-tu ? ».

On regarde dans le miroir et on se trouve parfois laid, voir malheureux. Se pose-t-on la question : « suis-je quelqu’un de bien ? ». On sait que l’on se trouve moins « moche » quand les autres nous apprécient, quand ils nous renvoient une image positive de nous-mêmes. Quand on réussi quelque chose, quand on a contribué au bien-être des autres, on a une image plus positive de soi. Mais le repli sur soi (la peur de l’autre, la solitude…) est symptomatique du monde d’aujourd’hui. Nous, les adultes, ne devons-nous pas aider nos enfants à apprendre à se connaitre, à s’épanouir et se responsabiliser grâce aux autres, à être tolérant d’autrui ? L’autoportrait est forcément narcissique, mais il raconte surtout comment l’artiste veut être considéré. Les jeunes dans leur expo nous disent comment ils pensent que nous les voyons…

Les jeunes nous reprochent souvent de les ignorer et nous, nous leur reprochons leur manque de maturité ; le fait que cette exposition a pu être monté montre que nous sommes capables de les prendre en considération et que eux ont fait preuve d’un réel engagement.

Je tiens à remercier nos infatigables et sympathiques médiateurs du patrimoine au MAVA, sans qui cette exposition n’aurait pas pu être montée : thank you very much indeed !


Portrait par Jean Nettleship (9 ans) de son papa, le prof d’Euro

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